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Les Lances de l’Orient

– Tu feras ainsi que je te l’ordonne, déclara Ahmed Eb in Din. La fille sera mienne. Peu importe que tu me la donnes de ton propre chef ou que je l’emporte de ton village en flammes.
– Elle est si jeune, sahib... grimaça le vieil Arabe. Ce n’est qu’une enfant.
– Elle a quinze ans, répondit le pillard, ses lèvres minces et surmontées d’une fine moustache incurvées en un cruel rictus. Je te laisse un peu de temps pour prendre ta décision, Hadji. Ou tu me la donnes, ou je lance mes cavaliers par-dessus les murs de boue séchée de ton village et je massacre ta tribu par l’épée et la torche.
L’homme se détourna et s’éloigna d’une démarche arrogante. Il enfourcha le cheval qu’il avait laissé là et disparut au galop dans le désert.
Le vieil Arabe resta là, assis et immobile, tiraillant sa barbe, indécis. Il savait qu’il y avait peu de chances que les siens puissent l’emporter face aux Bédouins. Ils étaient des « el Hadr », des hommes vivant dans des cités aux murs de pierre, et ils craignaient les « el Bedoo », qui eux ne craignaient personne. Mais de là à livrer sa fille, si jeune, à ce chef bédouin cruel, il y avait un pas infranchissable.
– Hadji ! le héla un homme de tribu en entrant dans la tente. Une horde de cavaliers arrive depuis l’ouest !
Le vieil Arabe monta sur le muret qui ceignait son village au moment où les cavaliers tiraient sur les rênes et s’immobilisaient. Il y avait là une vingtaine d’hommes, qui lui étaient tous inconnus. Des guerriers efflanqués à l’allure sauvage, armés d’épées, de lances et de carabines à répétition. Un homme blanc était à leur tête.
A suivre.